EDITORIAL

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2010

Que les politiques nous éloignent de la hache de guerre  

 

 

L'année 2009 qui a tiré sa révérence il y a quelques jours aura été des plus riches en évènements au pays des Homme intègres. Tant sur le plan politique, économique et social. Comme tous les ans d'ailleurs, les 12 mois de l'année 2009 ont été tintés d'évènements heureux et malheureux.

Un regard rétrospectif et critique sur l'année 2009 au Burkina nous rappelle que déjà, le 6 janvier 2009, et pour ce qui nous concerne en tant qu'hommes de médias, la convention collective de la presse privée avait été signée sous une forme de parrainage du Premier ministre, Tertius Zongo. Mais un an après, le document est toujours dans les tiroirs et n'a jusque-là fait l'objet d'aucune application sur le traitement salarial des journalistes de la presse privée. Même si son entrée en vigueur officielle avait été programmée pour ce début janvier 2010, aucun signe ne fait croire en la propension des patrons de presse, de mettre en application cette convention.

Les projecteurs de l'actualité nationale ont été quelques semaines plus tard, braqués sur la 21e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Le FESPACO 2009 qui s'est déroulé sans incident notoire a confirmée, une fois de plus, le leadership du Burkina en tant que pays promoteur du 7e art africain.

Au plan économique, Ouagadougou, la capitale a vu se rouvrir le 16 avril 2009, son grand marché (Rood-Wooko) après six années de fermeture, suite à l'incendie de mars 2003. La réfection de Rood-Wooko qui a coûté près de 3 milliards et demi de francs CFA a été soutenue par l'Agence française de développement (AFD), chef de file des partenaires qui ont accepté consentir un prêt à la commune. Le grand marché de Ouagadougou rouvert, la joie du maire Simon Compaoré aura été de très courte durée car de sempiternelles échauffourées entre commerçants et policiers municipaux vont conduire, quelques mois plus tard, à un début d'incendie (volontaire cette fois-ci) provoqué par les premiers, pour exprimer leur mécontentement suite aux nouvelles mesures de sécurité et d'ordre jugées draconiennes, qui ont été imposées à Rood-Wooko par la commune de Ouagadougou. La conséquence directe de cette situation est que jusqu'à ce début janvier 2010, le grand marché de Ouagadougou n'a pas retrouvé l'affluence qu'on lui connaissait avant le premier incendie. L'enquête qui avait été ouverte suite à l'incendie de 2003 suit-elle toujours son cours ? A-t-elle été classée sans suite ? Les coupables ont-ils été retrouvés et condamnés ?... Autant de questions que l'on continue de se poser ! Toujours est-il que l'enquête n'a jusque là pas dévoilé ses résultats au grand public qui a pourtant le droit de savoir.

Pour revenir dans le monde des médias tout en respectant la chronologie des évènements de l'année écoulée, l'on retient que le 4 mai, a eu lieu le lancement officiel de la carte de presse et du laissez-passer pour les professionnels des médias. Contrairement à la convention collective qui l'a pourtant précédée, la carte de presse a diligemment vu le jour et des hommes de médias sont déjà entrés en possession de ce sésame ouvre toi. Peut-être parce que, contrairement à la convention collective, la carte de presse ne comporte pas d'enjeux économiques. Sinon les patrons de presse auraient sans doute expressément  demandé aux journalistes un délai d'application, question de gagner du temps.

Le 26 juin 2009, le Burkina a connu un certain rayonnement international sur le plan touristique et culturel avec l'inscription, à Séville en Espagne, des Ruines de Loropéni sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Chapeau bas à l'équipe de chercheurs qui ont abattu le gigantesque travail scientifique ayant concouru à la consécration de Loropéni comme site culturel appartenant à l'humanité toute entière. Il appartient maintenant aux ressortissants de cette commune du Sud-ouest et au ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication d'en faire la promotion de sorte à attirer le maximum de touristes sur ces désormais célèbres ruines.

 

L'évènement majeur de 2009 et qui restera gravé pendant de longues décennies dans la mémoire des Burkinabé en général et des Ouagalais en particulier, est sans conteste l'inondation du 1er septembre à Ouagadougou, à la suite d'une pluie diluvienne de 263 mm. Du jamais vu depuis près d'un siècle ! Plus de 20 000 habitations effondrées, de nombreux ouvrages publics endommagés, du matériel et des documents détériorés dans des bâtiments, le secteur informel durement touché, etc. A quoi a servi la météorologie nationale dans la prévention d'une telle catastrophe ? Rien. Le drame passé, les services de la météo se sont même embrouillés dans les chiffres, lorsqu'il s'est agi de fournir les relevés pluviométriques des précédentes catastrophes de la même nature. Et comme si cela ne suffisait pas, la météo annonce d'autres averses dans les heures suivantes et sème une panique inutile car il n'en sera rien. Les dégâts matériels engendrés par ce drame national – qui a coûté la vie à plus d'une dizaine de Burkinabé – ont été évalués par le Premier ministère à plus de 70 milliards de francs CFA. C'est également l'occasion de saluer la solidarité internationale, et surtout celle nationale qui se sont exprimées au bénéfice des 150 000 sinistrés recensés.  La principale leçon que l'on retient de ces inondations, c'est le risque lié aux habitations situées dans les zones inondables. Qui a installé les populations dans ces zones connues inondables et qui, aujourd'hui, organise leur déguerpissement et leur réinstallation dans des zones plus sécurisées ? That is the question !

Bien d'autres évènements heureux et malheureux peuvent être inscrits au tableau de 2009. L'année 2010 qui vient de prendre son envol ne manquera pas non plus de soubresauts, surtout qu'une élection présidentielle est prévue pour novembre. Mais avant, il est évident que l'actualité politique va être nourrie par une éventuelle candidature de Blaise Compaoré à sa propre succession (un secret de Polichinelle) et une éventuelle tentative de révision de la Constitution en son article 37 notamment, relatif à la limitation du nombre de mandats présidentiels. La présidentielle va également être l'occasion de mesurer la capacité de regroupement de l'opposition burkinabé autour d'un candidat unique, de même que sa force de frappe. Vivement que tout cela se passe sans grands heurts et dans le strict respect des principes républicains. C'est notre vœu le plus ardent pour le Burkina, pour cette année 2010.

  LE TEMPS



19/01/2010
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