LE TEMPS

Haut Commissariat de la province du Houet

Millions volés, coupable introuvable

Qui a bien pu dérober 1 035 000 F CFA dans le bureau du Haut Commissaire de la province du Houet, Justin Somé. En effet la comptable de ce service, Sita Koita, qui avait déposé 4 mois plutôt 2 041 000 F CFA dans un coffre-fort logé dans le bureau de son premier responsable, n’a retrouvé que 1 006 000 F CFA. Le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso a reçu cette affaire de vol et l’a traité pendant une année, mais il a été incapable de situer les responsabilités. Le coupable court donc toujours les rues et peut être même, sait on jamais, les couloirs de ce démembrement de l’Etat burkinabé.

L’affaire est grave, très grave et fait grand bruit dans la ville de Bobo-Dioulasso voire dans la province toute entière. 1 035 000 F CFA disparaissent du coffre-fort du haut-commissariat de la province du Houet. Justin somé, le patron des lieux, porte plainte contre sa comptable Sita Koita qui a son tour porte plainte contre x au tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Madame Koita est mise aux arrêts. Elle séjournera 21 jours à la mission d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso avant de bénéficier d’une liberté sous caution de 500 000 F CFA. Le lundi 28 Décembre 2009, ils se retrouvent devant la justice pour dire ce qu’ils savent de cette rocambolesque affaire de disparition d’argent. Le 28 Janvier 2010, le verdict tombe : l’accusée est purement et simplement relaxée au bénéfice du doute. Le procureur a estimé qu’il y a un « véritable doute » sur sa culpabilité. Aussi, a t-il demandé que le montant de 500 000 représentant la caution lui soient restitués. Mieux, la justice décide que lui soit versé le franc symbolique pour rendre sauf son honneur et sa dignité mises à mal par cette accusation. Le haut commissaire avait 15 jours pour faire appel de cette décision. Mais, il ne l’a pas fait. On ne saura donc pas qui est le coupable de cette ignominie. Cependant de nombreuses questions taraudent l’esprit du citoyen Bobolais. Où est passé le voleur du haut commissariat de la province du Houet ? Cette affaire restera t-elle définitivement impunie? Qui va payer ce montant dérobé préalablement destiné à la zone pastorale de Péni. En effet, tout commence le 27 Février 2009. Sita koita, secrétaire administratif de formation, en charge depuis 2005 de la comptabilité du haut commissariat reçoit 2 041 000 en l’absence du haut commissaire. Mais ce dernier est tout de même informé. Cette somme appartenant à la zone pastorale de Péni, comme préalablement dit, a été mise par la comptable en lieu sûr, notamment dans un coffre-fort se trouvant dans le bureau du haut commissaire. Pas de problème, jusqu’à ce que, 4 mois plus tard, cette collectivité territoriale s’apprête à aménager dans de nouveaux locaux. C’est en ce moment que le haut commissaire Justin Somé demande à la comptable de vider le coffre-fort de son contenu pour le déposer au service administratif et financier du gouvernorat de région des Hauts Bassins. Elle s’exécute aussitôt. Arrivée sur les lieux elle trouve la porte du bureau de son chef entrebâillée. Elle demande alors au vigile sur place qui affirme n’avoir vu personne y entrer. Elle accède tout de même au coffre-fort. A sa grande surprise, de son avis, elle ne retrouvera que 1 006 000 sur le montant total de 2 041 000 qu’elle avait pourtant bel et bien déposé dans ce lieu. Le coffre-fort n’a pas du tout été forcé et Sita affirme l’avoir fermé à tour de clef sans en ajouter un quelconque code de sécurité qui confère pourtant à ce « machin » son caractère sécuritaire. Puis d’ajouter qu’elle n’a à sa disposition qu’une et une seule clef. Où est passée la seconde ? Puisque de l’avis de personne avertie cet outil métallique est toujours livré avec au moins deux clefs. Monsieur Somé dit ne l’avoir pas reçue. La justice non plus, à travers la gendarmerie, n’est pas arrivée à établir le nombre exact de clefs livrées avec le coffre-fort. Car, ni le haut commissariat, ni « Burkina clef » auprès de qui le coffre-fort a été acheté, par l’intermédiaire de la société « Balaira & fils », ne retrouvent les bordereaux de livraison par lesquels on aurait pu savoir le nombre exact de clefs livrées avec le coffre-fort. Ces deux services sont-ils autant désorganisés au point de perdre de si précieux documents comptables ?

Mais, selon Sita Koita et son avocat, le prédécesseur de l’actuel haut commissaire, Salif Ouédraogo affirme lui avoir remis toute les clefs du coffre en question. Mais la gendarmerie note que l’intéressé a laissé entendre qu’il n’existe qu’une seule clef. Qui dit vrai ? En tout état de cause, l’ex haut commissaire ne s’est pas présenté au procès. Pourtant, de l’avis de biens de personnes son témoignage aurait été d’une importance capital. Pourquoi ne s’est-il pas présenté à ce procès ? Bien malin qui saura répondre à cette interrogation. Quant à la clef du bureau du haut commissaire, l’intéressé dit n’en posséder qu’une et que la seconde se trouve à son secrétariat particulier. Il ajoute que Mme Koita y avait accès à chaque fois que de besoin ; ce que cette dernière n’a pas niée. Aujourd’hui la comptable a été acquittée et vaque à ses occupations à son nouveau poste de Bama (province du Houet). Mais si ce n’est elle, c’est donc qui ? Mystère et boule de gomme. Le haut commissaire lui aussi continue d’occuper son poste de premier responsable de la province. Les Burkinabé en général et les Bobolais en particulier n’en sauront pas plus sur cette sombre affaire d’argent qui a mystérieusement disparu. Tant et si bien que certaines personnes dans cette ville de Sya se disent déçues de la justice et vont même à se demander si elle a réellement travaillé à ce que la lumière jaillisse sur cette affaire ?

Valentin Yambkoudougou